Le tableau de la Nation Kanien'kehá:ka (Mohawk) présente Sue Ellen Herne et Curtis Lazore soulignant l'importance du retour d'un wampum à Akwesasne; et Martin Loft discourant sur le pow-wow de Kahnawake et les traditions.
L'enregistrement, l'écriture et la traduction des passages en mohawk est l'oeuvre de Carole Ross.
Je crois que le symbole le plus représentatif de notre culture est le wampum ou« l’Akwesasne Wolf Belt ». C’est elle qui confère son identité à la communauté d’Akwesasne, sachant que nous avons d’autres ceintures wampum qui nous définissent comme nation mohawk, comme membre de la Confédération iroquoise. Nous possédons tous des symboles qui nous identifient en tant que peuple au sein du monde autochtone.
I think what would represent us the best as a cultural icon is the wampum belt, the “wolf belt”. That really identifies Akwesasne as a community. As we have other wampum belts that identify us as a Mohawk Nation, as a member of the Iroquois Confederacy. We have all the symbols that relate us back to who we are as a global people within our own aboriginal world.
Nous avons ici un exemple de « l’Akwesasne Wolf Belt », symbole de notre communauté. Elle appartenait au New York State Museum. Voici l’image d’un wampum. On retrouve deux personnes au centre qui se tiennent la main, signe que la paix règne au sein de la communauté. Les loups à chaque extrémité représentent les gardiens des portes. D’après la croyance, ces gardiens veillaient sur la communauté d’Akwesasne et sonnaient l’alarme dès qu’ils flairaient la présence d’un danger.
Here we have an example of the “Akwesasne Wolf Belt”, which is our community icon. This belt was in the possession of the New York State Museum. This is an image of a wampum belt, it represents two figures in the center holding hands, meaning the community is at peace. The wolves on either end of the belt represent the guardians of the doors. If there was any harm coming to the community of Akwesasne, it’s understood that these guardians would protect the community, sound alarms that danger was approaching.
Pendant de nombreuses années, le centre culturel KANIEN'KEHAKA RAOTITIONHKWA CULTURAL CENTRE organisait une activité nommée « Kanien’kehaka Raonenhnisera », qui dans notre langue signifie « Jours des Mohawks » ou « coutumes de nos ancêtres ». Il y avait un concours du plus beau bébé, une compétition de perlage, des chants et des feux de joie; les gens passaient du bon temps. Puis, la crise d’Oka du 11 juillet 1990 a éclaté, et la fête a dû être reportée. Nous l’avons célébrée l’automne dans le cadre du festival culturel du Centre d’amitié autochtone de Montréal. L’hiver suivant, les membres de notre conseil et de notre communauté ont commencé à discuter de la suite des choses. Qu’adviendrait-il des Jours des festivités indiennes ? Allions-nous continuer de célébrer Kanien’kehaka Raonenhnisera ou opterions-nous pour un événement de plus grande envergure encore ?
En général, le pow-wow est une activité célébrée par les Indiens des plaines de l’Ouest. En été, des pow-wow ont lieu chaque fin de semaine partout en Amérique du Nord. Il y en a probablement une vingtaine du nord au sud, aux États-Unis comme au Canada, dans chaque province : c’est vraiment impressionnant. Certains empruntent la route des pow-wow et se rendent d’une fête à l’autre chaque fin de semaine. Six heures de route séparent les Six Nations, des chutes Niagara jusqu’au Michigan. Ceux qui le désirent peuvent ainsi enchaîner les festivités et camper dans l’intervalle. Certains vendent des produits d’artisanat. C’est comme un événement itinérant qui vous transporte littéralement n’importe où.
Au fil des années, nous avons reçu la visite et le soutien de peuples autochtones de la Nouvelle-Zélande (Maoris), de Taïwan, du Japon (Aïnous) et de partout dans le monde. Ce qui est intéressant avec le pow-wow, c’est qu’il s’agit d’une fête populaire. Il n’est pas organisé par une société ni par notre gouvernement local (conseil de bande), mais plutôt par un groupe de personnes, bénévoles pour la plupart, qui se rassemblent et préparent l’événement au grand plaisir de tous. L’activité spéciale que nous organisons chaque année est notre réunion sociale du vendredi soir, fête à laquelle sont invités tous nos amis des communautés iroquoises. Les visiteurs affluent pour danser et chanter dans la plus pure tradition iroquoise.
For many years, the KANIEN'KEHAKA RAOTITIONHKWA CULTURAL CENTRE used to run an activity called Kanien’kehaka Raonenhnisera, which in our language means “the days of the Mohawks” or “the ways of our ancestors.” We used to have a cutest baby contest, a beadwork competition, singing and bonfires; people would generally have a fun time and we continued that up until 1990. Then July 11 (Oka crisis) put a damper on that and we didn’t hold our Kanien’kehaka Raonenhnisera and it was postponed. We had it in the fall in Montreal as part of the Native Friendship Centre cultural festival. And over the winter, people on our board and people in the community began to discuss what we were going to do after. Were we going to do Indian Days again? Were we going to do Kanien’kehaka Raonenhnisera again or were we going to do something bigger?
The pow wow itself, for the most part, is a Western Plains Indian activity. There are pow wows that happen all over North America every given weekend in the summer. There are probably two dozens pow wows happening everywhere from the north to the south, in the US, Canada, in every province, it’s really amazing. Some people follow the pow wow trail. They can go to pow wows every weekend. A six-hour drive from one to another. Six Nations, from Niagara Falls to Michigan. They go from one event to the other, camp in between. Some are craft vendors. It’s like a travelling event, you’re in it and you can literally travel everywhere.
Over the years we’ve had people from New Zealand (Maori), indigenous people from Taiwan, from Japan (Ainu), we’ve had support and visitors from everywhere. What’s interesting about the pow wow is that it’s a grass roots event. It isn’t run by a corporation or our local government (band council); it is run by a group of people, volunteers mostly, who get together and put on this event for the enjoyment of the people. Our particular event that we hold every year is the Friday Night Social, the Iroquoian Social where we invite all of our friends from all the Iroquoian communities. All the visitors come to participate, to listen and take part to Iroquoian signing and dancing. It’s not necessarily an event where there’s a performance and an audience; ideally, everybody would be involved.
Les gens ici poursuivront assurément ces activités traditionnelles, comme le chant, la danse et l’artisanat. Certains disent que ce n’est pas la bonne façon de faire, qu’il faut s’y prendre de telle manière, que ce n’est pas comme ça qu’on faisait il y a 400 ans, ce à quoi nos aînés répondent : « Faisons simplement du mieux que nous pouvons ». Nous parlons notre langue et entonnons nos chansons au meilleur de nos capacités. Espérons que cela sera bénéfique pour les générations à venir.
Les objets fabriqués aujourd’hui, nous les léguerons aux générations à venir. Si les gens mettent un terme à ces activités traditionnelles, il n’y aura plus personne pour chanter nos chansons ou parler notre langue. Les gens tiennent à ces activités, c’est pourquoi ils les pratiquent toujours. Ils s’adonnent toujours au perlage et fabriquent encore des mocassins. Lorsqu’ils ne savent pas comme fabriquer certains objets, ils cherchent à l’apprendre. Les mocassins sont un parfait exemple. Il y a vingt ans, il n’y avait malheureusement pas de mocassins traditionnels dont les artisans auraient pu s’inspirer.
Nous nous sommes alors rendus dans un musée de Montréal, où nous avons trouvé des dizaines de paires de mocassins typiques aux Mohawks de Kahnawake. Certains étaient en très mauvais état, pratiquement déchirés, tandis que d’autres étaient en parfaite condition. Les artisans les ont examinés, ont pris des notes et sont parvenus à recréer une tradition qui s’était pratiquement perdue. Aujourd’hui, on compte facilement six douzaines de femmes capables de fabriquer d’authentiques mocassins iroquois dans les règles de l’art.
For sure, people here will continue to do those things (traditional activities like singing, dancing, crafting). Some people will say, “That’s not the right way to do it, you got to do it this way, that’s not the way they did it 400 years ago…” Some of our elders say, “We do the best that we can.” We speak our language the best that we can, we sing our songs the best that we can and hopefully that will be good for future generations.
What people build today, they’ll have that for the future. If people stop doing these traditional activities, there will be nobody singing the songs or speaking the language. The will to do these things is still strong and people still do it. They still do the beadwork, they still do the moccasins. If they don’t know how to make certain things they’ll go out and learn how. The moccasin is a perfect example: 20 years ago, sadly, there were no traditional moccasins around that craftspeople could emulate.
We went to a museum in Montréal. They had dozens of pairs of Kahnawake Mohawk moccasins in different conditions. Some in very poor condition almost ripped up, some in perfect condition. The craftspeople were able to look at those moccasins and dissect them, make notes and recreate a tradition that had been virtually extinct. They were able to bring it back and now there are probably six dozen ladies who make the authentic, bang on, perfect Iroquois-style moccasins.
Tsi niiá:kion kéntho Akwesáhsne teionkwatawén:rie
kwah i:ken tsi iakwaweién:te ne aiakwate’nikonhró:ri
Né:’ektsi, kiokierénhton tentshiakwanonhwerá:ton
Ne Shonkwaia’tíson tsi ni ioiánere
Akwé:kon naho’tenhson tehsonkwá:wi.
Ici, à Akwesasne, nous savons nous amuser, mais pas question de faire la fête sans d’abord remercier le créateur de toutes les bonnes choses qu’il nous apporte.
Those of us, here in Akwesasne, really know how to have fun, but first we always give thanks to the creator for all of the good things he gives us.
Nous avons placé la ceinture dans un contenant étanche et flottable, si jamais il arrivait quoi que ce soit. À l’époque, le responsable de la préservation historique de la culture tribale était Arnold Printup, un avide pagayeur. On aperçoit ici Sheree Bonaparte, qui était responsable de la préservation de l’histoire de la tribu mohawk de Saint-Régis lors du rapatriement de la ceinture. Arnold est embarqué dans le canot pour transporter la ceinture jusqu’au musée, tandis qu’Ernie a pris place sur un ponton. C’était véritablement un événement communautaire. Reen Cook, animatrice à CKON, diffusait un programme en direct du site pour informer les auditeurs des activités. Arnold Printup et Dean George du Conseil des chefs de la nation mohawk partageaient un canot à deux places. Une douzaine de personnes étaient assises dans un rabaska de douze places emprunté à la Réserve nationale de faune du lac Saint-François. À bord se trouvaient la pagayeuse Wendy Adams, des gens de différents conseils ainsi que des membres de la communauté, c’était vraiment un beau moment.
We had a waterproof container that also would float if anything were to happen. The tribal historic preservation officer at the time was Arnold Printup and he’s an avid paddler. This is Sheree Bonaparte who was the tribal historic preservation officer for the St. Regis Mohawk Tribe when the belt came back. She was able to take part in the day, and then Arnold got into the canoe to bring the belt to the museum, Ernie got in a pontoon. It was really a community event. CKON was airing live from the site, Reen Cook was letting people know what was going on. Arnold Printup and Dean George of the Mohawk Nation Council of Chiefs were in a two-man canoe. There were a dozen people in a larger canoe that was borrowed from the Lac Saint-Francois National Wildlife Area, a rabaska that fit 12 people. And so they filled in, there was one woman paddler, Wendy Adams, people from all different councils, residents of the community participated, it was really nice. A beautiful day.
En 2008, Sheree Bonaparte, alors responsable de la préservation de l’histoire de la tribu mohawk de Saint-Régis, a réussi à travailler en collaboration avec les trois conseils : la nation mohawk, le Conseil mohawk d’Akwesasne et la tribu mohawk de Saint-Régis. Tous s’entendaient pour dire qu’il fallait rapatrier la ceinture. Elle a mené une enquête au sein de la communauté pour déterminer quel édifice serait le plus apte à l’accueillir, et le choix s’est finalement arrêté sur le musée, puisque la salle d’exposition bénéficie d’un système de régulation de la climatisation. Comme nous n’étions pas prêts à la recevoir en 2008, elle a été conservée quelques années à la Banque de Montréal, le temps que nous apportions quelques réparations et rénovations. Nous avons discuté en comité de la possibilité de la placer dans un présentoir résistant au feu mais cette option n’était pas vraiment envisageable. Il nous semblait plus facile d’opter pour une salle d’exposition munie de panneaux de gypse ininflammables et de remplacer la porte en bois par une porte coupe-feu. D’ailleurs, les murs étaient déjà tous en ciment, et il n’y avait aucune armature en bois.
In 2008, Sheree Bonaparte was the tribal historic preservation officer for the St. Regis Mohawk Tribe and she was able to work with all three councils: the Mohawk Nation, the Mohawk Council of Akwesasne, the St. Regis Mohawk Tribe. They were all in agreement that the belt should come back. She surveyed the community to see which building would be the best site to house it, and the museum was chosen because we have climate controls in place in the exhibit area. We weren’t ready to receive it in 2008, so it went to the Bank of Montreal for a couple years, as we had some repairs and renovations to do. We were talking as a committee about getting a fireproof case for it, something a little bit higher safety. That wasn’t going to be very practical for us. It seemed easier to have an exhibit room that has fireproof sheetrock and change the door from wood to metal. It was already cement along the walls, there is no wood framing.
On pense qu’il y avait plus de 250 personnes, puisque nous avons servi tous les repas. Sur la photo, on peut voir des gens de la nation mohawk : un de nos ancêtres, anciennement directeur de bibliothèque, plusieurs membres de la communauté, des enfants de la Freedom School en compagnie de leurs enseignants. Nous avions monté une tente munie de haut-parleurs. Jake Swamp a prononcé le discours d’ouverture. Ici, on retrouve des gens du New York State Museum, et là, une des membres de notre conseil. Elle siège également au comité directeur du musée qui a conçu le plan de rapatriement de la ceinture et qui a pris la décision de la rapporter par canot, en hommage au moyen de transport utilisé à l’époque de sa conception.
We think we had over 250 people because we used up all of the lunches. We had people from the Mohawk Nation here in this picture: one of our elders, a former library director, different community members, kids from the Freedom School there with their teachers. And then we had the tent, so we had speakers in the tent. Jake Swamp gave the keynote speech. Then we had people from the New York State Museum here, there’s one of our board members. She’s also a member of the museum’s advisory committee, and it was the advisory committee that came up with the plan of how to bring the belt back, and having it come by canoe, because that was the mode of transportation when it was made. It dates back to the origins of the belt.
Au centre culturel Ronathahonni, Iotore Thompson, représentant de la nation mohawk, nous a expliqué la signification de chaque geste symbolique, comme de brûler du tabac à la banque avant de déplacer la ceinture. Il a aussi parlé de l’importance de vénérer une ceinture vieille de 250 ans, et a mentionné que les ancêtres nous surveilleraient à présent pour s’assurer que nous en prenions bien soin. La ceinture est un objet vivant, c’est un wampum, elle possède également son propre esprit et pas seulement celui de ses artisans.
Le grand chef Mike Mitchell a souhaité la bienvenue aux personnes présentes au centre culturel Ronathahonni, avant de laisser la parole à Irving Papineau, président du conseil du centre culturel d’Akwesasne, qui a prononcé un discours d’ouverture. La communauté compte deux centres culturels. On a ensuite passé la ceinture à Ernie Benedict, dernier chef traditionnel nommé à vie d’Akwesasne. Ce dernier était très heureux de rapatrier la ceinture. C’est un rêve que lui et sa fille caressaient depuis longtemps. Il est aujourd’hui décédé et n’a passé son titre à personne (il n’était pas l’un des chefs des Six Nations, mais avait été nommé par le Conseil des Six Nations).
Il a joint un collier de wampum à la ceinture de manière à lier ces deux objets historiques réunis dans un même musée.
At Ronathahonni, there was a representative of the Mohawk Nation, Iotore Thompson, who told about the meanings, like we had a tobacco burning at the bank before it was moved, so he talked about the importance of really respecting a belt that was this old, made 250 years ago, and that our ancestors would be watching to see what we are doing with it now. The belt itself is a living object. It’s made of wampum, so it has a spirit as well, not just the people who made it.
They had Grand Chief Mike Mitchell speaking, welcoming the people at Ronathahonni, and Irving Papineau, the president of the board of the Akwesasne Cultural Center spoke too; there are two cultural Centers in the community, and he did some opening remarks. And then the belt was passed to Ernie Benedict. Ernie Benedict was the last condoled life chief in Akwesasne. Ernie was really excited to have the belt come back. It was something that he and his daughter had hoped would be repatriated. He has since passed away, and he did not pass his title to anyone else. He was a condoled chief (he wasn’t a Six Nations Chief, but he was condoled by the Six Nations Councils).
He put a wampum string with the belt, so it kind of ties together two historic pieces in the museum, the way that it’s housed, the wampum string in with the belt.
Nous ne sommes plus censés filmer ni photographier la ceinture à présent. Nous l’avons fait le jour de son arrivée au musée. Son transfert visait en grande partie à la rendre plus accessible à la communauté, sachant qu’elle se trouvait au New York State Museum d’Albany depuis près d’un siècle.
Nous avons également attendu pour en faire un événement communautaire. Nous ne voulions pas simplement la sortir du musée et nous dire : « Voilà, elle est chez nous maintenant ». Nous désirions organiser une activité qui allait susciter l’attention, la participation et l’intérêt de la communauté et en faire une véritable commémoration de la ceinture. Nos souhaits ont été exaucés. Cette journée de septembre 2010 fut inoubliable. Deux jeunes ont transporté la ceinture de la banque jusqu’au centre culturel Ronathahonni. Un groupe de personnes les suivait dans les rues de l’île Cornwall.
We’re not supposed to film the belt or take pictures of it anymore. We did on the day that it came to the museum, and part of the reason why it came here was to make it more accessible to the community. It was in the New York State Museum in Albany for roughly a hundred years.
We also waited so it would be a community event. We didn’t want just to bring it here and that’s it: “It’s housed somewhere else.” We wanted to make it something that the community could really be involved in, understand more about it, get more interested in, and really make it a commemoration of the belt. That’s what it ended up being. It was really a beautiful day in September 2010. We had two youth carry the belt from the bank to Ronathahonni Cultural Centre. They had a group of people following them, walking down the road on Cornwall Island, from the bank to Ronathahonni.